Ambre Jenkins || Administratrice

Un son se faisait entendre dans le couloir du septième étage. Un son lent et triste, un son qui manquait d'enthousiasme et de rythme, un son pourtant beau et magnifique. Un son qui sortait d'une pièce vide dans ce couloir, un son qui sortait d'un piano. Un magnifique instrument de couleur noir où se trahissait les touches blanches. Touches sur lesquelles couraient deux mains, dix doigts pour jouer encore et encore. Ça faisait des heures qu'elles étaient là, des heures, qu'elle courait sans fin sur le clavier de l'instrument pour créer encore et encore de la musique. Il avait passé quasiment tout son répertoire, ce musicien accroc à sa musique. De Debussy à Ravel, il avait tout rejoué sur son piano, tout.. Ça lui avait manqué. Deux jours sans jouer.. Deux jours pour soigner son poignet meurtri, le troisième, il avait disparu pour s'isoler ici.. Vivre sans musique, c'était tout bonnement impossible, il ne pouvait pas.. Luke.. Luke avait réussi à le convaincre à aller à l'infirmerie, l'infirmière l'avait soigné, puis recommandait d'attendre avant de rejouer.. Il en avait pleuré mais toujours grâce à Luke, il avait réussi à ne pas se jeter sur son piano.. Alors, il avait attendu, attendu... Attendu jusqu'à n'en plus pouvoir. Il n'avait plus mal, il jouait depuis le matin sans s'être arrêter, il n'avait même pas mangé, mais il devait jouer, c'était comme un besoin maladif. Ses doigts couraient encore et encore sur son clavier, terminant la sonate en C mineur de Beethoven. Son esprit pourtant ne suivait plus ses gestes, il repensait à ce jour où il avait cru.. tout perdre. Sa démence, il s'en rendait compte avec le recul, avait du les inquiéter ou.. ou voir se faire passer pour un fou.. Il n'était pas fou, enfin il ne le pensait pas mais.. Il y repensait surtout en se souvenant de ce qu'il avait fait . Il avait sauté dans les bras d'Arthur DeLune. Un garçon qui ne le portait pas dans son cœur et c'était réciproque.. Mais ce dernier ne l'avait pas repoussé, il l'avait même serré contre lui. La sonate glissa vers un autre morceau, la tristesse de Chopin.. Il la jouait en pensant à Arthur. La facette du jeune homme qu'il avait découverte ce jour là le travailler.

Clarance était habitué à le voir arrogant, frimeur, et méchant.. Hors la douceur avec laquelle il l'avait serré contre lui... Il devait quand même s'excuser... Il l'avait fait avec Luke, mais pas avec DeLune, il ne l'avait pas revu non plus.. Mais pourquoi ce morceau là et pas un autre ? Il avait tout simplement l'impression qu'Arthur l'avait presque compris ce jour là. Il n'avait pas cherché à prendre profit de son état.. lamentable, il faut le dire, mais au contraire, il l'avait soutenu. Et pour ça, il devait un minimum savoir ce que c'était de ressentir la peur et la tristesse.. Voilà pourquoi le poufsouffle jouait du Chopin en pensant à Arthur DeLune. Et le pire, c'est qu'il n'en éprouvait aucunes hontes de jouer un peu pour lui.. Arthur méritait un peu cet hommage, c'était un peu le remercier même s'il n'entendait pas vraiment.. Oh, mais il devait le remercier de vive voix. Il devait le faire ! Le musicien s'arrêta de jouer et étira ses bras en soupirant. Il devait aller trouver le serpentard et lui dire merci et s'excuser. C'était comme ça.. Il espérait juste ne pas se faire renvoyer sur les roses. Mais s'il faisait cet effort là, peut être qu'Arthur s'en estimera satisfait. Clarance se leva de sa chaise et sortit sa baguette et rangea son piano. Une fois seulement, il l'avait laissé seul dans une pièce vide, ça lui avait suffit, à cause d'Argus Rusard en plus. Saleté de concierge qui ne comprenait rien à la magie, ni encore moins à la musique.. Pff... Le jeune homme sortit ensuite de la salle où il s'était enfermé. Il s'arréta devant la porte en passant sa main sur sa nuque. Et maintenant il allait où ? C'était bien beau de vouloir s'excuser mais encore faudrait-il savoir où trouver la personne à voir..Il n'avait aucunes idées du lieu où il pourrait le trouver... Peut être à sa salle commune..

Le musicien quitta le septième étage et descendit tout les étages, les mains dans les poches. Il avait retrouvé ses manches à dentelles..Il y avait un moment qu'il ne l'avait pas mise. Son jeans noir faisait contraste avec mais il adorait le style que ça donnait.. Il sourit et baissa la tête pour continuer son chemin. Il n'aimait pas à ce qu'on l'observe, ses sentiments se trahissaient trop souvent sur son visage. Le poufsouffle traversa le hall d'un pas rapide, dédaignant la grande salle pour se diriger vers les cachots, où normalement se trouvait l'entrée de la salle commune des serpentards, tout comme la sienne. Il déglutit et hésita... Devait vraiment y aller ? Le jeune homme se mit à tourner sa chevalière à son doigt comme à chaque fois qu'il était hésitant ou angoissé.. Il se retrouva bien vite dans le couloir des verts et argents. Il pâlit un peu en voyant des membres de cette maison sortirent pour aller manger.. Et là il faisait quoi ? Il attendit un peu triturant sa manche avant de s'apprêter à faire demi tour en se disant qu'il perdait son temps, quand on le héla.. On lui demanda ce qu'il voulait.. Clarance piqua un fard en bafouillant..

- Euh .. Je.. Je ..cher..cherche Arthur DeLune...

Heureusement pour une lui, parmi la bande qui l'avait interrogé, une jeune fille eut pitié de lui et lui donna le lieu où il pouvait trouver Arthur. Il la remercia du bout des lèvres avant de filer. Dans le parc.. Il fallait qu'il soit dehors en plus.. Il n'aimait pas sortir.. sauf pour écrire... Bon allez, plus vite ça sera fait, plus vite, il pourrait oublier DeLune. Clarance sortit donc à l'extérieur.. C'est que le parc était quand même immense.. Le jeune homme soupira, il n'avait même pas pris sa cape pour sortir.. Il marmonna quelques mots inaudibles avant de s'avancer sur la verdure de Poudlard.. C'est un peu plus tard, qu'il finit par tomber tout à fait par hasard sur le garçon qu'il cherchait. Arthur DeLune se retourna vers lui, il s'arrêta subitement avant de se mettre à rougir. Pourquoi était-il venu là ? Il n'était pas à sa place ici, il était même très loin de l'être et pourtant maintenant qu'il y était.. Il releva la tête vers le visage d'Arthur pour découvrir son visage où paraissait une immense tristesse ou un chagrin.. ou un mal être, qui le toucha malgré lui... Il se mordit la lèvre doucement avant d'ouvrir la bouche doucement pour la refermer aussitôt. Il ne savait même pas comment lui parler alors... il n'aurait pas du venir.. Il fit un pas en arrière.

- Je.... Désolé... J'aurai pas du venir...

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